Santé

Pourquoi les abeilles sont-elles menacées ?

Nous savons tous que les abeilles mellifères sont en danger. En effet, les médias relaient continuellement cette information. Les abeilles, véritables sentinelles de l’environnement, disparaissent petit à petit de nos jardins, des forêts et des champs. Leur bourdonnement – autour des arbustes en fleurs – se fait plus discret, à mesure que la nature dépérit. Et cette raréfaction inquiète les scientifiques et l’opinion publique. Mais pourquoi les abeilles sont-elles menacées ?

Bien que l’on attribue à tort à Albert Einstein la citation “Si les abeilles venaient à disparaître, l’humanité n’aurait plus que quatre ans devant elle », celle-ci n’est pas dénuée de sens. Notre destin est étroitement lié à celui de ces insectes pollinisateurs. Car sans pollinisation, les plantes ne peuvent plus fructifier et nous nourrir.

Cet article présente l’importance des abeilles mellifères et les principales causes de leur disparition. Puis, nous évoquerons les possibilités qui s’offrent à chacun d’entre nous, pour les sauvegarder. Nous vous souhaitons bonne lecture.

Rôles des abeilles mellifères

Les abeilles mellifères sont des insectes sociaux de l’Ordre des Hyménoptères, comme les bourdons, les guêpes et les frelons. Ces insectes ailés sont nommés Apis mellifera par les scientifiques. Les abeilles sont naturellement présentes en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient.

Insectes utiles à l’Homme, les abeilles sont élevées pour leur miel, la gelée royale, la propolis et leur cire. L’être humain a alors introduit les abeilles, partout où le climat permet leur survie. Ainsi, les abeilles mellifères sont présentes sur tous les continents, sauf en Antarctique.

Impact écologique

L’une des particularités des abeilles est d’être végétariennes. Elles tirent tous les nutriments dont elles ont besoin – les glucides, les lipides, les protéines et les vitamines – dans le nectar et le pollen produits par les fleurs. Ainsi, les abeilles sont des butineuses très actives qui permettent un transport efficace du pollen d’une fleur à une autre.

Les abeilles – comme de nombreux insectes pollinisateurs – offrent un service important à des milliers d’espèces de plantes, qui dépendent parfois totalement de leur aide pour polliniser leurs fleurs.

La disparition des abeilles sera suivie à plus ou moins long terme par la transformation des paysages. En effet, les plantes fortement dépendantes de leur action de pollinisation vont laisser place à d’autres espèces capables de propager leur pollen avec le vent ou d’autres vecteurs.

On peut imaginer que ce déséquilibre dans les populations végétales aura un impact très important sur la chaîne alimentaire. Et que de nombreuses espèces animales disparaîtront faute de trouver de la nourriture.

Impact économique

Comme dit plus haut, les abeilles mellifères sont élevées pour leur miel, mais aussi pour la cire, la propolis et la gelée royale. Elles vont vivre des milliers d’apiculteurs de part le monde. Elles apportent aussi un complément de revenu à d’innombrables familles.

Mais le rôle économique des abeilles est surtout indirect, car ces insectes – comme de nombreux autres pollinisateurs – assurent le transport du pollen entre les fleurs. Les abeilles jouent un rôle important dans la pollinisation de nombreuses cultures. Les vergers et les plantations de légumes sous serre sont fortement dépendants de l’action de ces insectes. Sans les abeilles, les rendements agricoles chuteraient et le prix des denrées augmenterait. Les abeilles permettent par leur travail de nourrir à coût bas la population humaine.

Dans certaines régions du monde, la présence des abeilles est renforcée par la transhumance des ruches dans les champs et les vergers. Ceci est nécessaire pour maintenir de forts rendements agricoles, dans des régions où les pollinisateurs sont peu nombreux.

L’exemple le plus célèbre est la transhumance de centaines de milliers de ruches vers la Californie. Chaque année, des apiculteurs américains placent leurs ruches sur des camions pour les envoyer dans les champs d’amandiers californiens. Lorsque vous mangerez des amandes, ayez une pensée pour le travail de ces insectes.

Causes de la disparition des abeilles

Chaque année, des milliers de colonies meurent en France. Mais ce phénomène s’observe aussi dans d’autres régions du monde et plus particulièrement dans les pays industrialisés.

L’effondrement des colonies est une réalité, mais les scientifiques n’ont pas encore trouvé de solution pour rétablir la santé des colonies d’abeilles. Il semble que ces pertes massives sont dues à plusieurs facteurs que nous allons présenter.

Utilisation des pesticides

Pour nourrir des milliards d’êtres humains, il est important de maintenir de forts rendements. Les agriculteurs utilisent des pesticides, pour fournir des matières premières et des aliments à coût réduit. Ces produits toxiques tuent les insectes qui consomment les feuilles, les graines et les fruits. Malheureusement, ces poisons ne font pas de discernement avec les abeilles.

En butinant les fleurs des plantes traitées, les abeilles s’exposent à des insecticides et autres substances nocives. Cela ne les tue pas directement. Par contre, les butineuses rapporte à leur ruche du nectar et du pollen empoisonnés. Et c’est toute la colonie qui est intoxiquée.

Les pesticides sont d’autant plus dangereux qu’ils restent longtemps sur les plantes. La palme de la dangerosité revient aux néonicotinoïdes. Cette famille de produits phytosanitaires a des propriétés systémiques. C’est-à-dire que les molécules passent au travers des feuilles et circulent dans la sève. Elles sont ensuite excrétées dans le nectar pendant plusieurs semaines après la pulvérisation de la plante.

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Les néonicotinoïdes sont des neurotoxines qui perturbent le système nerveux des abeilles, même à très faibles doses. Les butineuses intoxiquées se repèrent difficilement dans leur environnement et n’arrivent finalement pas à retrouver la route de leur ruche. Progressivement le nombre des ouvrières décroît et cette situation met la colonie en danger.

Modification des paysages

Le développement des sociétés humaines s’accompagnent de nombreux aménagements. De grands espaces naturels sont détruits pour laisser place à des routes, des champs, des villes et des usines. Ainsi, les abeilles trouvent de moins en moins de ressource alimentaire pour survivre.

De plus, la diversité végétale diminue. Les abeilles doivent compter sur un nombre réduit de plantes pour s’alimenter. Elles s’exposent davantage à des disettes et à des carences.

Réchauffement et dérèglement climatique

L’activité humaine est responsable du dégagement de gaz à effet de serre et principalement de gaz carbonique et de méthane. Ces gaz sont responsables de l’accroissement des températures moyennes à l’échelle globale.

Le réchauffement climatique s’observe localement par des évènements climatiques inquiétants. Les vagues de chaleur sont plus fréquentes en été. Et les hivers peuvent être suivis par des gelées tardives qui détruisent les premières floraisons.

abeille

Le réchauffement climatique menace tous les écosystèmes et la majorité des espèces animales et végétales

Le réchauffement climatique a un impact direct sur la végétation et la quantité de nectar et de pollen réduit. Ainsi, les apiculteurs constatent de plus en plus souvent que les récoltes de miel sont mauvaises.

Introduction d’abeilles étrangères

Les apiculteurs professionnels ont fait l’acquisition de races et de sous-espèces d’abeilles étrangères pour :

● Répondre à la demande croissante en miel
● Maintenir une productivité élevée dans les ruchers
● Mieux protéger leurs cheptels des maladies

En France, l’abeille noire – sous-espèce locale nommée Apis mellifera mellifera – a été abandonnée au profit de l’abeille italienne et de l’abeille carniolienne. Enfin, des hybrides ont été sélectionnés et largement diffusés. C’est le cas de l’abeille Buckfast ou de l’abeille Subirana.

Malheureusement, l’introduction et l’élevage d’abeilles étrangères provoquent la disparition des abeilles locales, pourtant plus adaptées au climat et à la flore indigène.

L’hybridation entre les différentes lignées d’abeilles s’accompagne de la perte de caractéristiques qui avantagent certaines d’entre elles. Les nouvelles générations d’abeilles se montrent plus fragiles et moins aptes à s’adapter.

Introduction de ravageurs

On pourrait penser que la liste des menaces est suffisamment longue pour que nous nous arrêtions là. Et bien non, car les abeilles doivent faire face à des ennemis qu’elles ne connaissent pas. Ces ravageurs introduits par l’Homme causent de forts dégâts aux colonies sauvages et aux colonies des ruches.

Les ennemis des abeilles en France sont les varroas et les frelons asiatiques. Mais d’autres ravageurs se rapprochent de nos frontières, c’est le cas du petit coléoptère des ruches qui colonise actuellement l’Italie.

Le varroa

Le varroa est un acarien originaire de Chine et du Japon. Introduit dans les années 80 en Europe, il a provoqué d’importants dégâts dans les ruchers. Aujourd’hui encore, il menace la survie de toutes les colonies d’abeilles.

Le varroa parasite les abeilles adultes et leurs larves. Ces acariens se fixent sur l’abdomen des insectes et s’alimentent de leur corps gras, un tissu qui se trouve sous la cuticule des abeilles.

Ce parasitisme affaiblit les abeilles, les rends plus fragiles aux maladies et moins performantes dans les différentes tâches qu’elles sont à remplir : production de gelée royale, butinage,…

De plus, le varroa transmet des virus aux abeilles, dont le plus connu est le virus des ailes déformées. Les chercheurs pensent que l’action du varroa, de ses virus associés et les pressions environnementales citées plus haut, sont à l’origine du syndrome d’effondrement des colonies observé en Europe et en Amérique du Nord.

Pour finir, l’apiculture – de loisir ou de production – n’est possible qu’en maîtrisant les infestations des varroas. Car aucun rucher en Europe n’est épargné par ce fléau. Le dernier bastion français qui était l’île d’Ouessant est tombé en juin 2021.

Il est donc important de savoir évaluer l’infestation de ses colonies et de pouvoir les traiter de manière appropriée, lorsque le seuil de tolérance est dépassé. Sans quoi, on risque de perdre ses abeilles.

Les frelons

Les frelons sont des guêpes de grande taille. Il en existe de nombreuses espèces et l’une d’elle est indigène en France. Il s’agit du frelon européen, nommé Vespa crabro par les scientifiques.

Mais l’on retrouve depuis quelques années des espèces exotiques introduites par inadvertance et qui causent plus de dégâts chez les abeilles.

L’espèce nuisible la plus connue est le frelon asiatique (Vespa velutina). Cette espèce est arrivée en France en 2004 et a très rapidement colonisé l’hexagone, avant de se lancer à la conquête des pays voisins : Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Italie, Andorre, Espagne et Portugal. Chaque année, les frelons asiatiques provoquent la perte de nombreuses colonies d’abeilles.

Les frelons sont des prédateurs qui ont besoin de chasser pour nourrir leurs larves. Ainsi, une colonie d’abeilles représente un formidable garde-manger pour les frelons asiatiques, qui viennent tout au long de l’été et en automne tuer les butineuses.

Lorsque le nombre des frelons qui s’attaquent à une colonie est important, les abeilles subissent un stress. Celui-ci se manifeste par la baisse d’activité des butineuses. On parle de paralysie de la ruche. Sans butineuses, pas de récolte de pollen et de nectar. Si la ruche est assiégée trop longtemps, c’est toute la colonie qui mourra de faim.

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Pour mieux connaître le frelon asiatique et sa biologie, consultez la page suivante : http://paniquedanslaruche.com/frelon-asiatique/

Plus récemment, des entomologistes ont signalé la présence du frelon oriental (Vespa orientalis) dans un quartier de Marseille. Il est donc possible que les apiculteurs français aient bientôt un nouveau ravageur à gérer avec ce frelon qui nous vient du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

Enfin, signalons l’existence d’un redoutable prédateur, le frelon géant (Vespa mandarinia) qui vit en Asie orientale. Celui-ci n’est heureusement pas arrivé jusqu’en Europe. Mais il a réussi à atteindre les côtes américaines et menace maintenant les abeilles d’outre atlantique.

Comme le frelon asiatique, il est probable que cette espèce ait été introduite aux États-Unis avec le chargement d’un conteneur. Le commerce international représente une cause de l’introduction de nombreuses espèces animales et végétales, dont certaines peuvent s’implanter et devenir nuisibles.

Comment aider les abeilles à survivre ?

Sachez que les solutions ne viennent pas toujours des gouvernements et des institutions publiques. Les citoyens ont aussi une responsabilité et un combat à mener pour protéger les abeilles et leur environnement. Voici quelques idées pour venir en aide à ces insectes pollinisateurs.

Jardiner sans pesticide

Les pesticides ne sont pas seulement employés par les agriculteurs. Les jardiniers amateurs déversent une grande quantité de produits toxiques dans les jardins. Comme nous l’avons présenté plus haut dans cet article, les produits phytosanitaires nuisent fortement aux abeilles et à un grand nombre d’insectes utiles pour l’environnement.

Un jardin doit laisser une place pour tous les êtres vivants !

Il est possible de résoudre de nombreux problèmes de ravageurs en diversifiant les plantations dans son jardin. Et un traitement est souvent évité si l’on coupe quelques branches et rameaux touchés par une maladie.

Planter des haies mellifères

Beaucoup de propriétaires de pavillon entourent leur terrain en partie ou entièrement avec une haie. Malheureusement leur choix se porte souvent vers des conifères ou des bambous. C’est-à-dire des plantes qui ne produisent pas de nourriture pour les abeilles. Tout au plus, ces arbustes reçoivent des pucerons et des cochenilles sources de miellat.

Planter une haie – composée de plusieurs espèces d’arbustes mellifères – peut aider les insectes. Les floraisons décalées contribuent à alimenter tout au long de l’année les abeilles, qui souffrent parfois de la rareté des fleurs durant l’été. Le choix vers des espèces locales est à privilégier, mais certaines espèces exotiques sont intéressantes.

La vidéo suivante présente comme planter des arbustes mellifères pour ses abeilles.

Pratiquer l’apiculture

L’apiculture consiste à garder dans des ruches des colonies d’abeilles. L’apiculteur doit choisir le bon emplacement pour installer son rucher. Il doit aussi s’assurer que toutes les colonies qu’ils possèdent sont en bonne santé. L’apiculture demande de consacrer du temps et repose sur des connaissances dans la biologie et l’écologie des abeilles.

Les apiculteurs contribuent à maintenir des populations d’abeilles. Sans eux, Apis mellifera serait beaucoup plus rare (voir absente) de nombreuses régions d’Europe. Si l’on dispose d’un jardin propice à l’installation de ruches et que l’on est prêt à consacrer tout au long de l’année du temps pour ses abeilles, l’apiculture est un passe-temps plaisant et utile pour l’environnement.

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Légende : après quelques jours de formation avec un apiculteur expérimenté, vous serez prêt à recevoir vos premières ruches chez vous

Mais l’apiculture est un loisir qui demande des connaissances approfondies sur la biologie des abeilles. La pratique seule ne suffit pas. Il est donc important de suivre une formation complète avant d’installer un rucher dans son jardin.

Heureusement, il existe de nombreuses associations et des apiculteurs qui proposent des formations en apiculture. On peut aussi se former en ligne pour acquérir les fondamentaux théoriques.

Pour trouver un rucher école à proximité de chez vous, consultez le lien suivant : https://apiculture.idlwt.com/formations-apiculture-en-france-belgique-suisse-canada/

Après avoir reçu une formation dans un rucher école et pourquoi pas un cours théorique en ligne, vous serez prêt à recevoir vos premières colonies d’abeilles. Vous trouverez sur internet plusieurs boutiques spécialisées en apiculture.

Après avoir fait l’achat de deux à trois ruches, vous pouvez vous mettre en quête d’autant de colonies d’abeilles.

Photo : https://pixabay.com/fr/photos/essaim-d-abeilles-les-abeilles-1094857/
Légende : la récupération d’un essaim permet d’obtenir des abeilles gratuitement, mais cette cueillette demande un peu de savoir-faire.

Pour obtenir des colonies d’abeilles, vous pouvez acquérir des essaims sur cadre chez un apiculteur. Ou bien, vous pouvez chercher un essaim errant et le cueillir. La période de l’essaimage est le printemps et c’est d’avril à juin que vous aurez le plus de chance de trouver des essaims pour enrucher vos ruches.

Pour résumer

Vous savez maintenant pourquoi les abeilles sont des insectes en raréfaction. Sachez qu’elles ne sont pas les seules. La plupart des insectes disparaissent à cause des activités humaines. Et cette tendance n’est malheureusement pas inversée par les décisions politiques.

Si vous souhaitez venir en aide aux abeilles, vous devez faire des choix et agir maintenant. Faites de votre jardin ou de votre balcon un paradis pour les insectes. N’employez plus d’insecticides et autres produits phytosanitaires chimiques. Si vous avez du temps à consacrer aux abeilles, devenez un apiculteur responsable et participez au retour de l’abeille noire dans nos campagnes, nos forêts et nos villes.

Si vous avez apprécié cet article et si vous souhaitez faire un premier geste pour les abeilles, nous vous remercions de le partager sur les réseaux sociaux. C’est en informant vos amis et vos proches que vous pouvez agir. Merci pour votre lecture et à bientôt.

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