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Comment installer une ruche dans son jardin ?

Vous souhaitez installer une ruche dans votre jardin et devenir apiculteur ou apicultrice ? C’est un beau projet. L’élevage des abeilles vous promet de nombreuses découvertes et il vous réserve des expériences passionnantes.

Mais avant de vous lancer dans un projet apicole, il est nécessaire de faire le point sur vos motivations, sur les règles à respecter, sans oublier d’exposer les besoins des abeilles. Enfin, nous présenterons les différentes possibilités d’apprentissage de l’apiculture de loisir. À la fin de cette lecture, vous saurez l’essentiel pour installer en toute sécurité des ruches chez vous.

Pourquoi pratiquer l’apiculture chez soi ?

En France, 71000 personnes ont déclaré posséder au moins une ruche au cours de l’année 2020. La plupart de ces apiculteurs sont des amateurs qui gardent entre 1 et 10 ruches et ne génèrent aucun revenu de l’élevage de leurs abeilles. Leurs motivations sont nombreuses, mais bien souvent ils recherchent à :

1. Récolter et consommer le miel de leurs ruches
2. Protéger les abeilles mellifères en voie de disparition
3. Rencontrer d’autres passionnés

Pour manger son propre miel

Le miel est un produit que les abeilles fabriquent à partir du nectar et stockent en prévision de l’hiver. Mais elles ont tendance à en produire plus que nécessaire. Vous pourrez sans culpabiliser prélever quelques kilogrammes par ruche, si la miellée est suffisante. Cette récolte se fait au printemps et parfois aussi en été.

Pour protéger les abeilles et l’environnement

L’abeille mellifère – que les scientifiques nomment Apis mellifera – est en raréfaction, partout en Europe. En France, la mortalité annuelle des colonies gardées par les apiculteurs est passée de 3% durant les années 70 à plus de 30% actuellement. Les causes de la disparition des abeilles sont multiples. Elles sont liées notamment à :

● L’utilisation de pesticides en agriculture intensive et dans les jardins des particuliers
● L’introduction de ravageurs, comme le varroa et le frelon asiatique
● La sélection de races d’abeilles plus productives, mais moins robustes
● La désaffection de l’abeille mellifère locale – l’abeille noire – par les apiculteurs professionnels
● Les transformations des paysages et l’appauvrissement de la flore spontanée
● Les épisodes climatiques défavorable liés au réchauffement climatique

Mais il est encore possible de contribuer à la protection des abeilles mellifères en pratiquant une apiculture raisonnée et en se tournant vers des races locales ou vers l’abeille noire. Ainsi garder quelques ruches dans son jardin revient à créer un refuge pour des insectes qui partout disparaissent.

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Pour rencontrer des passionnées

L’apiculture rassemble des passionnés au sein de clubs et d’associations régionales. En participant aux formations que ces organisations proposent, vous rencontrerez des amateurs et des professionnels qui partagent tous une même passion. Ces rassemblements sont l’occasion d’échanger sur les pratiques de chacun et de revenir chez soi avec de nouvelles idées. Mais aussi de lier des amitiés.

Plus simplement, l’apiculture est une pratique qui peut réunir toute une famille à l’occasion de l’extraction du miel et de sa mise en pot. Ainsi que durant de simples visites de vos ruches. Nombreux sont ceux qui apprennent l’apiculture avec leurs parents ou leurs grands-parents.

Quelles sont les obligations à respecter ?

Maintenant, nous allons observer les obligations à respecter avant d’installer des ruches dans un jardin en France. Comme vous pourrez le constater, la pratique de l’apiculture de loisir est favorisée dans notre pays. Et il en va de même pour de nombreux pays européens. Si vous ne vivez pas en France, il est possible que l’apiculture soit encadrée de façon plus stricte. Pour ne pas vous mettre en infraction, consultez vos autorités locales en charge de l’agriculture ou de l’environnement.

Déclarer son activité apicole

En France, vous êtes considéré comme apicultrice ou apiculteur dès la première ruche peuplée d’abeilles qui est en votre possession. Et vous devez déclarer votre activité apicole. Tant bien même vous ne voulez pas vendre de miel. La déclaration peut se faire en ligne, depuis le site internet du Ministère de l’Agriculture. Au cours de cette première démarche, vous allez obtenir votre numéro d’apiculteur, le NAPI.

Le NAPI est une suite de 7 chiffres que vous devez inscrire sur vos ruches ou sur un panneau placé à l’entrée de votre rucher. Vous devez aussi le communiquer auprès des autorités sanitaires pour toutes les demandes que vous pouvez formuler.

Puis, chaque fin de saison apicole – entre le 1er septembre et le 31 décembre – vous devez confirmer le nombre des colonies d’abeilles en votre possession. Ceci est également obligatoire et permet à l’état français de suivre l’évolution du cheptel national. Cette procédure se fait aussi par internet sur le même site.

Respecter les distances minimales

Le Code Rural prévoit les règles qui s’appliquent aux apiculteurs et plus particulièrement sur l’implantation des ruches par rapport au voisinage. Il est prévu que les préfets des départements ou les maires prennent par des arrêtés les décisions sur les distances minimales à respecter entre les ruches et les propriétés voisines.

Ainsi chaque département – et parfois une commune en particulier – a sa réglementation propre. Vous pouvez vous procurer les informations qui concernent les distances de sécurité en vous adressant à votre mairie.

Les distances minimales à maintenir sont parfois de 100 mètres, lorsqu’il s’agit d’éloigner les ruches de bâtiments à caractère collectif, comme les écoles, mairies, casernes,… Pour les habitations c’est en général 20 mètres, bien que certains départements comme le Var et les Alpes-Maritimes imposent là aussi 100 mètres. Par contre, à Paris la distance entre une ruche et une propriété voisine est de seulement 5 mètres. Et elle peut être réduite à 3 mètres dans certaines circonstances.

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Les ruches doivent être gardées à une certaine distance des propriétés voisines et de la voie publique

Pour beaucoup d’entre nous, la pose de ruches serait impossible si l’on devait observer ces distances minimales. Mais heureusement le Code Rural nous vient en aide. Il précise que ces distances ne s’appliquent plus si les ruches sont séparées des propriétés voisines par un mur, une haie d’arbustes persistants ou une palissade d’au moins deux mètres de hauteur. Les abeilles qui s’élèvent au-dessus des têtes ne sont plus un danger pour quiconque.

Quelle que soit la configuration de votre terrain et la distance entre vos ruches et les chemins passants ou propriétés voisines, nous vous conseillons de disposer une haie pour forcer vos abeilles à monter au-dessus de deux mètres. Cet écran visuel cachera aussi vos ruches, car soulignons-le, le vol des ruches n’est pas rare. Les voleurs n’hésitent pas à entrer dans une propriété close et prendre toutes les ruches qui s’y trouvent.

Il faut aussi prendre des mesures pour garantir la tranquillité de vos voisins. Choisissez un emplacement qui sera le plus éloigné de leur habitation.

Si vous ne pouvez remplir les conditions prévues par la loi, il vous reste encore la possibilité d’installer vos ruches sur un rucher associatif. Beaucoup d’associations d’apiculteurs proposent des emplacements pour les ruches de leurs adhérents.

Assurer ses ruches

Il n’est pas obligatoire d’assurer vos ruches, mais cela est vivement conseillé. En effet, les abeilles sont des insectes qui peuvent piquer et causer des désagréments dans votre voisinage. Les ouvertures des ruches, mais aussi la récolte du miel peuvent rendre agressives certaines de vos abeilles. Il n’est pas rare que l’une d’elle pique une personne pourtant distante de votre rucher.

Pour assurer vos colonies d’abeilles, le plus simple est de vous adressez à votre assureur. Mais vous pouvez aussi souscrire une assurance auprès d’un syndicat d’apiculteurs ou en même temps qu’un abonnement à la revue Abeille de France. Cette dernière option est intéressante, car cette publication mensuelle est de très bonne qualité.

Le coût de l’assurance dépend du nombre de ruches en votre possession et du niveau de protection que vous attendez. Dans le cadre d’un rucher de moins de 10 ruches, nous vous conseillons de souscrire à l’assurance la plus complète possible. Le prix annuel n’est que de quelques euros par colonies d’abeilles.

Quels sont les besoins des abeilles ?

Les abeilles sont des animaux sensibles à la qualité de leur environnement et à l’emplacement de leur colonie. Dans la nature, elles trouvent des refuges dans les creux des arbres et dans les fissures entre les rochers. L’apiculteur leur propose des ruches pour les abriter.

Profiter d’un environnement favorable

La santé d’une colonie et le nombre de ses individus dépendent de la qualité de l’environnement dans un rayon de 3 kilomètres autour de la ruche. C’est dans cet espace que la plupart des butineuses évoluent et récoltent le nectar, le pollen et l’eau. On parle d’aire de butinage. Mais en pratique, les abeilles peuvent voler bien au-delà des 3 kilomètres de distance.

Cette aire de butinage doit être riche en ressources alimentaires et les floraisons doivent s’étaler tout au long de la saison apicole. Cette aire de butinage devra souffrir de peu de pollution. Car les polluants sont rapportés à la colonie et au-delà d’une certaine concentration peuvent intoxiquer les ouvrières et la reine.

Bien entendu, notre environnement subit des perturbations profondes et il est illusoire de trouver des zones qui répondent aux attentes citées. L’apiculteur devra ainsi surveiller l’état de ses colonies et leur apporter un complément alimentaire en cas de disette. Ces aliments sont du sirop sucré, des pains de sucre ou encore des pâtes protéinées. Ils n’ont pas la qualité des ressources naturelles, mais ils peuvent sauver une colonie.

Disposer une ruche au bon endroit

Les abeilles sont des insectes qui ont besoin de la chaleur du soleil pour sortir butiner. Au-dessus de 10°C, les butineuses sortent de la ruche et vont explorer les alentours et rapporter à leur nid du nectar, du pollen et de l’eau. Pour favoriser leur activité, il est conseillé de placer les ruches orientées vers le sud ou vers l’est à un emplacement qui reçoit les rayons du soleil.

On déconseille de tourner l’entrée de la ruche – que l’on nomme le trou d’envol – dans la direction des vents dominants. C’est généralement le cas d’une orientation vers l’ouest ou vers le nord. Car le vent peut alors s’engouffrer dans le nid et refroidir toute la colonie au repos.

Néanmoins, les abeilles sont résilientes et peuvent s’adapter à des expositions peu favorables ? Par contre, elles n’apprécient pas l’humidité hivernale. Celle-ci est à l’origine du développement de maladies qui affectent leur couvain, c’est-à-dire leurs œufs, larves et nymphes. Ne placez pas une ruche dans la partie basse de votre jardin ou sur un lieu où le brouillard s’accumule tous les jours en hiver. Une partie haute d’un terrain est généralement préférable à l’installation d’un rucher.

Peut-on débuter avec une seule ruche ?

Par prudence, les néophytes souhaitent débuter avec une seule ruche. Mais bien que cela puisse sembler contre-intuitif, il est plus difficile de pratiquer l’apiculture avec une seule colonie d’abeilles qu’avec plusieurs.

En effet, les colonies d’abeilles sont de nos jours victimes d’un fort taux de mortalité annuelle. Avec une seule ruche, vous prenez le risque de perdre toutes vos abeilles dès le premier hiver. D’autant plus que la première année, vous ne serez pas suffisamment connaisseur pour déceler dès l’automne les problèmes que rencontrent vos abeilles.

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Il est donc préférable de débuter par deux ou trois ruches. Puis si vous en avez la possibilité – et dès les années suivantes – de passer à cinq ruches au minimum. Vous aurez alors tous les éléments sous la main pour faire vos propres divisions de colonie. Mais aussi pour pratiquer les rééquilibrages de fin de saison en transférant des cadres de couvains depuis les colonies fortes vers les colonies faibles. En somme, vous serez autonome avec votre rucher.

Le prix d’une colonie d’abeilles vendue sur 5 ou 6 cadres de couvain est situé entre 120 et 200 euros. Ce montant sera d’autant plus important que la lignée d’abeilles a été sélectionnée. La demande est importante et nous vous conseillons de réserver plusieurs mois à l’avance vos essaims sur cadres. Si vous ne disposez pas d’un budget important, vous pouvez aussi récupérer des essaims errants. Vous n’aurez pas à les payer. Par contre, vous devez être capable de cueillir ces essaims sans causer de problèmes autour de vous. Certains essaims vont se placer à plusieurs mètres du sol et la récupération peut être dangereuse. N’intervenez pas si l’essaim est posé sur un support à plus de 2 mètres de haut.

Quel modèle de ruche choisir ?

Il existe de nombreux modèles de ruches. On parle souvent des ruches horizontales et des ruches verticales. On lit aussi qu’il existe des ruches traditionnelles et des ruches à cadres. Plus récemment, certains apiculteurs se sont tournés vers l’utilisation des capteurs et de l’informatique. Ils pratiquent l’apiculture de précision. Vous avez donc l’embarras du choix. Mais pour maximiser vos chances de bien débuter, nous vous invitons à choisir une ruche communément utilisée par les apiculteurs de votre région.

En choisissant un modèle courant, il vous sera facile de :

1. Trouver ce modèle dans un magasin d’apiculture
2. Vous procurer des éléments de rechange
3. Vous équiper à un prix raisonnable
4. Obtenir des conseils d’apiculteurs qui ont de l’expérience avec ce modèle
5. Traiter vos colonies contre le varroa en suivant les prescriptions des laboratoires souvent valable pour quelques modèles

En France et dans le monde, le modèle le plus communément employé est la ruche Dadant. Par contre, dans certaines régions d’autres modèles sont plus courants. Ainsi en Corse, les apiculteurs amateurs ou professionnels utilisent la ruche Langstroth. Dans l’est de la France, on retrouve encore beaucoup d’apiculteurs qui travaillent avec la ruche alsacienne ou la ruche Voirnot.

Pour en savoir plus sur la ruche Dadant, ses éléments et leur assemblage, consultez la vidéo suivante :

Lorsque vous suivrez une formation en rucher école, vous allez vous entraîner sur un modèle de ruche en particulier. Sans doute une ruche Dadant ou une ruche Langstroth. Faites par la suite l’acquisition de ce même modèle. Il vous sera plus facile de transposer les apprentissages à votre pratique au sein de votre rucher.

Comment se former en apiculture ?

Les abeilles sont partiellement autonomes et n’ont pas besoin de votre aide pour butiner, élever leur couvain et se défendre des agresseurs. Par contre, une colonie peut manquer d’aliments et subir une infestation de varroas ou des attaques de frelons asiatiques. Les conditions qu’elles trouvent dans une ruche ne sont pas les mêmes que celles trouvées dans la nature. D’ailleurs, il reste peu d’abeilles dans la nature… Les abeilles qui peuplent vos ruches ont besoin de vos soins.

Pour savoir comment réagir tout au long de la saison apicole et effectuer les bons gestes, vous devez suivre une formation en apiculture. Le plus simple est de suivre un enseignement théorique et pratique dans un rucher-école.

Un rucher-école est un lieu géré par une association d’apiculteurs ou bien par un centre de formation. Il en existe de nombreux en France et dans la plupart des pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Vous en trouverez sans doute un pas loin de chez vous. Pour obtenir la liste des ruchers écoles, consultez la page suivante :

Formations pratiques en apiculture

Vous pouvez aussi profiter de formations e-learning, qui abordent les aspects théoriques de l’apiculture. Vous trouverez aussi les noms de ces écoles en ligne en suivant le lien précédent. Privilégiez une formation à distance qui proposent des visioconférences en direct. Vous pourrez ainsi poser vos questions à l’intervenant. Si de simples enregistrements vidéos vous suffisent, vous trouverez beaucoup d’informations sur une plateforme de streaming comme YouTube.

Pour résumer

L’apiculture est un loisir passionnant, accessible au plus grand nombre et que l’on peut pratiquer en famille. Toutefois, l’apiculteur garde des animaux qui sont sous sa responsabilité. Il doit veiller à leur bien-être, même s’il s’agit d’insectes. Il doit aussi s’assurer que ceux-ci ne causent pas de désagrément à son voisinage. Car les abeilles sont des insectes piqueurs, qui peuvent causer de graves problèmes de santé aux personnes allergiques. L’apiculteur doit donc maîtriser parfaitement son cheptel, même s’il est débutant.

Depuis quelques années, des parasites et prédateurs menacent la survie des abeilles. Il s’agit du varroa et du frelon asiatique. Le varroa est un acarien qui se nourrit sur les larves d’abeilles. Il est discret et les signes de pathologie apparaissent tardivement. L’apiculteur doit être capable de surveiller le degré d’infestation en effectuant des comptages réguliers. Il doit aussi connaître les différents traitements et savoir les appliquer sans s’exposer à un danger. Il y a beaucoup à dire et à apprendre sur le varroa. Nous vous conseillons d’ailleurs de prendre connaissance de sa biologie et des principales méthodes de lutte en consultant le site https://varroa-destructor.fr/

Pour pratiquer l’apiculture avec succès, l’apiculteur doit débuter par une formation dans un rucher-école. Éventuellement il pourra s’inscrire à une formation en ligne en apidologie. Il sera alors prêt à installer ses premières ruches. Puis il devra continuellement enrichir ses connaissances par la lecture d’ouvrages spécialisés.

Nous espérons que la lecture de cet article vous aura renseigné sur les fondamentaux de l’apiculture de loisir en France. Nous vous encourageons aussi à vous rapprocher et à adhérer à une association d’apiculteurs de votre région.

Nous vous remercions pour votre temps de lecture et nous vous souhaitons une bonne continuation dans vos projets apicoles.

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